Une forme courte du conte populaire & traditionnel :

La menterie, essai de typologie

carte-photo d'"exaggeration", USA vers 1900
carte-photo d'"exaggeration", USA vers 1900

 

 

L’espace créatif des scénarios-types…

 

avec un essai de typologie des contes de menteries

 

Le menteur – au moins le non occasionnel – est un improvisateur traditionnel, c'est-à-dire qu'il peut réciter, fournir à un auditoire demandeur ou nouveau une série de contes de menterie faisant partie de son répertoire. Mais il peut aussi, pour un public de connaisseurs (qui connaissent le genre ou qui le connaissent lui) innover, s'adapter aux circonstances, improviser en utilisant des canevas, une grammaire, une syntaxe et un vocabulaire avec lesquels il sait jongler.

 

Cela dit, l'expérience m'a régulièrement montré que lorsqu'on rencontre une menterie qui semble unique et inventée sur le vif, on a souvent l'occasion de la retrouver peu après, elle ou une version très proche. Référencer est donc utile et correspond à une approche globale et justifiée. En même temps les menteries inventées (délibérément) par un menteur provoqué dans une joute ne le sont évidemment pas à partir de rien, comme toute production d'improvisateur. Soyons plus clair en prenant un exemple.

 

« Ils avaient coupé trente cordes de bois et quatorze cents fagots dans un pied de sureau. » est une menterie citée par Michel Valière et Catherine Robert[i], classée selon eux en T1960G (L'arbre géant). On pourrait aussi préciser ce catalogage avec les motifs de S. Thompson, dans sa catégorie « humour » (et bien que ce soit presque paradoxal) : X1470 (Lies about trees) ou mieux X1471 (Lies about large trees).

 

Cela dit, si je me laisse aller, comme dans une joute de menteurs, je peux imaginer des récits que je sens comme équivalents, puisque c'est la première menterie qui me sert en quelque sorte de “gabarit” struturel et stratégique :

·      « Il avait réussi à tailler près de trente étagères dans une seule allumette. » Je ne m'éloigne pas trop du modèle, et je commence néanmoins à être dur à classer. On pourrait tenter, pour cette menterie, la précédente ou les suivantes le motif X980 (Lie : occupational or professional skill) ou bien X1012 (Lie : person displays remarkable ingenuity or resourcefullness)… Mais tentons de changer plus clairement d'univers.

·      « Un bon professeur doit arriver à former une centaine d'ingénieurs et deux cents ouvriers qualifiés avec une seule bonne classe… » Le motif pourrait devenir également X350 (jokes on teachers). Revenons à un terrain traditionnel, la chasse, et continuons la déclinaison.

·      « Il ne tirait qu'une partie de cartouche à chaque détonation ; avec une seule, les bons jours, il pouvait tuer une bonne vingtaine de lapins… » Là les motifs pourraient être X1130 (Lie : hunters' unusual experiences), X1100 (Lie : remarkable hunter) ou X1110 (Lie : the wonderfull hunter)… ou peut-être une extrapolation de X1122.2 (Lie : person shoots any animals with one shot)… On connaît des versions moins riches en effectifs dans la tradition : « Y a un gars qu’est à la chasse, fusil à un coup. Qui que le voit devant li ? un iève (=lièvre). Le se retourne : un autre iève. Un demi-coup devant, un demi coup derrière... L’a eu les deux ièves. » [ii]

·      etc.

 

Il n'est pas question de remettre en cause l'intérêt des classifications, types et motifs, qui permettent de percevoir des récurrences ou des transmissions de motifs quasi universelles. Mais pour moi il est clair que ces quelques menteries ne sont que quelques unes des variations obéissant, du popint de vue du menteur, au même canevas : n'importe quelle formule sous-entendue du type « il ou elle était si extraordinairement doué(e) que… » associée à n'importe quel contexte occupationnel ou professionnel, peut déboucher sur une menterie capable de surprendre et de séduire l'auditoire, même le plus averti…

 

Croiser les typologies, les angles de vue…

Espace de création dans la tradition orale, ces “contes de menteries”, que les spécialistes, notamment nord-américians, du conte ont tant de mal à référencer, ne sont probablement pas seulement “solubles” dans des schémas simples de motifs, de versions et de types classiques. On peut difficilement se suffire d’un point de vue de spectateur, d’ethnographe, d’annalyse du résultat seul, quand on pense que la création, l’improvisation sont des moteurs qui nécessitent une approche nettement plus formelle qu’analytique.

Les menteries constituent certes un espace de transmission, avec ses motifs récurrents, ses contes-types, mais c’est aussi un réel espace de liberté et de création, comme un appel clairement encodé à l’imagination.

D’abord les menteries sont courtes. Ensuite l’étonnement qu’elles suscitent ne relève pas du merveilleux, elles ont un rapport la plupart du temps étroit avec le réel : vécu sociologque plutôt que social au sens politique, climatique, connaissance des bêtes et des plantes, précisions de types de chasse, de lieux, de personnages, implications personnelles... Le fantastique (si c’est le bon mot) s’y réfugie dans un mensonge convenu, au service du cocasse plus que du rêve. Bien que les “Contes facétieux” décrits par Philippe de Lajarte dans Ethnologie Française (IV, 4, 1974, p319) soient relativement différents des menteries (ces contes facétieux s’organisent systématiquement autour d’un échange entre deux personnages que souvent pouvoir ou richesse opposent, avec transgressions et rétributions...), une approche du même type me semble convenir : “Ce n’est pas le conte qui est un type, mais sa modélisation...”

Les canevas, ou morphotypes, sont des squelettes de scénarios. Tous les ressorts permettant de valider une impossibilité sont les bienvenus ; toutes les techniques de la langue sont utilisables, qu'elles soient dominées par le menteur qui les analyse avec une sorte de “métaconnaissance”, consciente et quasi abstraite, ou qu'elles soient plutôt basées sur un fonds d'histoires prototypes mémorisées à travers leurs structures et leur efficacité.

La tentative de typologie qui suit se place du côté de la stratégie du narrateur. Elle prétend uniquement poser les bases d’une approche complémentaire de celle qui prévaut généralement, en même temps que, peut-être, elle permet de mieux appréhender les spécificités du genre et d’en fixer les limites…

Une des difficultés, à cause du faible espace de la forme, très courte, réside dans le fait que types (T) et motifs (X) constituent la matière et non la clé stratégique du menteur, qui cherche avant tout la chute. Types et motifs viennent donc illustrer la typologie qui suit, mais ce sont les morphotypes, les techniques de la langue, qui en font l’originalité. Les trois approches sont complémentaires et nullement contradictoires.

 

Pour une typologie de la menterie…

 

On peut organiser cet essai de typologie en cinq grands domaines et onze stratégies ou morphotypes :

 

Exagérations   [A]- Outrances & hypertrophies…

 

Confusions       [B]- Syllogismes / sophismes

 

                           [C]- Syllogismes basés sur des métaphores

 

Contradictions    [D]- Oxymores non paradoxaux

  

                           [E]- Chiasmes et renversements délirants

 

                           [F]- Chaines insécables rompues

 

                           [G]- Impossibilités fructueuses

               

Pièges                 [H]- ellipses & télescopages

 

                            [I]- Changement de point de vue

 

 Accumulations    [J] Accumulations à chute dérisoire

 

                             [K]- Cascade

 

 

 

[A]- Outrances & hypertrophies…

 

Cette formule large (et donc floue), permet d’évoquer, pour commencer, une racine syntaxique de nombreuses menteries. Les Anglo-Saxons nomment ces formes courtes “tall-tale”, parlant d’exagération (avec l’orthographe “exaggerations”).

 

[A…]- Tellement que… (T , le grand ou la grande x…)

 

On trouve dans la structure de ces menteries “tall-tale” des formules déclenchantes du type « trop + caractérisant + conséquence » ou « tellement + caractérisant + que + conséquence », ou «si + caractérisant + que + conséquence », avec une exagération telle que l’effet absurde se trouve validé. Dans cette catégorie entre un grand nombre des menteries “climatiques” du type « cette année-là, il faisait tellement froid que même le feu gelait dans la cheminée… » Mais le squelette syntaxique peut aussi être sous-entendu, comme dans le cas de Lucky Luke qui tire plus vite que son ombre (on ne dit pas parce que c’est implicite : “il était si rapide qu'…”).

 

 

[A1]- La grande ferme

 

Une famille de menteries pratiquement universelle concerne ce qu’on appelle parfois “la grande ferme”, parfois nommée et située, le plus souvent mythique. Certains motifs sont empruntés au pays de Cocagne. Dans cet endroit tout est gigantesque : des centaines de valets et de servantes travaillent, il faut deux jours pour faire le tour d’un bœuf et il faut à peine dix œufs pour faire une douzaine… La formule “cette ferme était tellement grande que…” est toujours sous-entendue. On peut qualifier ce genre du terme générique de “déclinaison” (une notion très importante dans la compréhension de la démarche d’improvisation du menteur), tant est systématique l’exploitation de la veine prise en compte. Le jeu consiste alors pour le menteur à allonger la liste des trouvailles.

 

Ce domaine est à l’origine de la dénomination classique, plutôt américaine dans son approche au départ, de “Tall Tales” (“tall” signifie “grand par la taille”). C’est encore plus flagrant dans le genre assez unique aux USA de “Tall Tales Postcards” ou de “Exaggeration Postcards”[iii], explosant entre 1908 et 1913 et encore vivant un peu partout, notamment dans les grandes plaines. Il est souvent ici question de déclinaisons, comme par exemple ces plans neutres d’un wagon de chemin de fer portant deux salades géantes, deux potirons ou melons d’eau, deux poires, etc.

 

L’explication de ce genre iconographique, une explication un peu exorcisante donnée par Alain Weill, est une piste (probablement pas assez universelle mais indiscutable…) pour justifier de telles supercheries énoncés sur un mode sérieux : “Ce qui fait leur originalité, c’est qu’elles transcendent les occupations, préoccupations et distractions d’un monde rural qui dépend des récoltes et où un fruit ou un légume géant est synonyme d’abondance, de prospérité – alors que la famine rôde ; un monde où les distractions traditionnelles sont la chasse et la pêche – qu’on rêve miraculeuses – mais où les proies géantes peuvent devenir redoutables, rappelant à l’homme ses vieilles terreurs envers la nature hostile.”[iv]

 

Ce type de cartes postales répond à une demande et correspond aux mêmes familles de menteries connues en Europe, même si leur développement d’abord oral, dans les grands espaces des États-Unis, semble assez unique. Cela dit, même pour conjurer mauvaises récoltes et famines, pas de jugement moral dans ces représentations de “monde renversé” à l’américaine, tout juste quelques rares images de sauterelles énormes affrontant des hommes (mais le plus souvent ces animaux tirent des charrues ou même des locomotives…).

 

[A2]- Héros plus ou moins légendaires

 

Aux États-Unis, les trappeurs-colons-chasseurs légendaires, parfois géants, fédèrent aussi, parmi d’autres thèmes, des motifs du Pays de Cocagne et des menteries quasi universelles. Ils ont des noms et des existences en partie attestés comme Davy Crocket[v], Jack[vi], Paul Bunyan[vii], Will Rogers[viii]… La liste est considérable et constitue un grenier abondant de menteries dont on retrouve des versions ou des modèles un peu partout. En France, l’idée d’un personnage récurrent, surtout chasseur, a été repérée par de nombreux collecteurs, mais rarement relayée par l’édition ou une circulation orale au moins régionale[ix]. On pense aussi aux aventures prêtées à l’Hercule du Nord, indiquant une direction en tendant sa charrue à bout de bras[x]. Il semble que cette catégorie d’hercules se rencontre un peu partout, comme au Québec avec Louis Cyr[xi] et Donat Gadoury, tous deux du village de St-Jean-de-Matha au Québec et fondateur du Festi-Force…

 

On pense enfin aux bandits légendaires, souvent associés à des prouesses récurrentes qui ressemblent fort à des menteries, avec des récurrences pour les évasions, le ferrage des chevaux à l’envers… (voir communication de Pierre Chevrier)…

 

[B]- Syllogismes / sophismes

 

Le sophisme, selon les dictionnaires, est “un argument, un raisonnement qui, partant de prémisses vraies, ou considérées comme telles, et obéissant aux règles de la logique, aboutit à une conclusion inadmissible.” Ou ailleurs : “raisonnement ayant l’apparence de la validité, de la vérité, mais en réalité faux et non concluant, avancé généralement avec mauvaise foi, pour tromper ou faire illusion.”

 

Le syllogisme, lui, souvent indifférenciable dans les cas qui nous intéressent, est un mécanisme absurde mais logique, connu depuis l’Antiquité : trois propositions, telles que la conséquence est contenue dans une des deux premières, et l’autre fait voir qu’elle y est contenue.

 

Trois éléments, donc, sont mis en relation deux par deux, pour aboutir à un paradoxe, cette fois non-spécifique de la chasse :

 

A a un lien avec B, proposition dite “la majeure” ;

 

B a un lien avec C, proposition dite “la mineure” ;

 

ce sont “les prémisses”, dans lesquelles B est le “moyen terme” ou “mineure”, A le “grand terme” ou “majeure” et C le “petit” ou “conclusion”... on en déduit donc que A a un lien avec C, qui est la conséquence, alors que, selon toute logique, A n’a aucun lien avec C.

 

On a souvent discuté sur la complexité des possibilités de relations entre les différents éléments. Réduire le lien entre deux prémisses à une égalité ou une inégalité ne suffit pas. Tous les types de relations logiques (équivalence, opposition, causalité, appartenance) peuvent être mis en action.

 

Un exemple lié à la nature et au climat : 

 

“Une année, o mouillit, o mouillit tant, les eaux étiant devenues tellement grandes qu’o y a daus possons qui s’aviant noyé.” [xii]

 

Poisson a un lien avec eau (appartenance) ; eau (surtout trop) a un lien avec noyade (causalité) ; donc trop d’eau noie les poissons (causalité), ce qui est normalement absurde mais doit paraître, ici, logique.

 

Autre exemple, lui aussi lié aux poissons :

 

“Chez nous, en fait de poisson, quand on va à la pêche, on les refuse !… C’est à un point que pour éviter de dégarnir les étangs, il faut leur mettre une muselière !” [xiii]

 

(Les poissons mordent ; les chiens qui mordent ont une muselière ; donc les poissons qui mordent ont une muselière).

 

[C]- Syllogismes basés sur des métaphores

 

Des métaphores qu’on dirait “hâtives”, en fait de véritables confusions, transforment des associations par ressemblance en conclusion de type syllogistique.

 

La même relation transitive que dans le type précédent ajoute ici un maillon supplémentaire basé sur une ressemblance.

 

A a un lien avec B

 

C a un lien avec D

 

A ressemble à C

 

donc B a un lien avec D

 

[C1]- Pattes ou tiges ?

 

Un temps supplémentaire, souvent masqué (ellipse) par le choix de focalisation (la ressemblance est perçue par un personnage et non le narrateur, qui ne le formule évidemment pas).

 

«Il n’était pas venu de canards de la nuit[...] C’était l’hiver. Puis le gars s’est endormi.[...] Au petit jour, il se réveille ; la mare était pleine de canards, ils avaient tous les pattes prises dans la glace. [...] Alors pour les récupérer, il a sauté sur son vélo, il a été jusqu’à Charron, là, la première ferme qu’il a vue, il a demandé une faux, il est retourné là-bas, il avait pris un sac, et puis, allez ! à la faux, il a fauché tout ça, les pattes !»[xiv]

 

[C2]- munitions inattendues

 

Cette série est à rapprocher de AT 1895 (The Man Nails the Tail of the Wolf to the Tree and Beats him).

 

En revenant de la chasse, je traversais une plaine, et j'avais usé toutes mes munitions de petits plombs et de balles. Mon fusil était vide, et je ne pouvais plus tirer, lorsque de loin je vis venir un lièvre. Ah, sandieu, que je me suis dit, il ne faut pas le manquer. Mais comment faire, sans plomb ni balle ?...

 

Oh nom de dieu ! mais j'y suis ! J'avais un petit clou, assez long et pointu, qui me servait pour épingler la fermeture de ma gibecière ; je le glisse subitement dans mon canon, par-dessus une charge de poudre.... Il y avait un chêne isolé dans cette plaine; j’attends que le lièvre passe entre l’arbre et moi : alors je l'ajuste, je tire et je lui perce les deux oreilles, en le clouant contre le tronc. Et je l'ai pris encore vivant. Voilà comme l'on chasse dans mon pays, et Je pourrais vous citer encore bien d'autres traits beaucoup plus surprenants. [xv]

 

Mais aussi cette variation historico-militaire :

 

«C’était pendant la guerre, on était un groupe et devant nous y avait plein d’Allemands. Je quitte le groupe, contourne les Allemands et en trouve un tout seul devant moi. Avec ma baïonnette, au bout de mon fusil, je tire et je le cloue à un  arbre qu’était là !...»[xvi]

 

[C3]- Enlèvement par une bande

 

Certains de ces mécanismes générateurs sont liés à des métaphores sous-entendues, donc peu faciles à nommer clairement. C'est le cas d'une famille de menteries où un personnage (humain/animal) est emporté par un vol d'oiseaux/peloton et ne s'en échappe que beaucoup plus loin.

 

I ae fét l’ouvérture den les pllaenes de Niort, çhé Arnéste, mun cunpin de réjhiment, a çhauràe. Jhusque su le cop de dis eùres, i aviun pa veyu grand chouse, quant tout d’in cop, ine vrae nuàie de prdrijhas vénghit devér nous a ras de taere, que le passirant sou la bedalle a Diane, ma sétér, que l’enmenirant avéc zàus. Bé i retrovirun ma chére é douce cunpagne den le port de La Rochéle.

 

(J’ai fait l’ouverture dans les plaines de Niort, chez Ernest, mon copain de régiment, à Chauray. Jusque sur le coup de dix heures, on n’avait pas vu grand-chose, lorsque tout à coup, un vrai nuage de perdreaux venait vers nous en rase-mottes, à tel point qu’ils passèrent sous le ventre de Diane, ma setter, qu’ils emportèrent avec eux. Eh bien, on retrouva ma chère et douce compagne dans le port de La Rochelle. [xvii])

 

 

 

In jhour de corse Bourdea-Paris, i ae velu travrsàe la Naciounale dis in petit au midi de Poeché, voure qu’i demeùrét alore. Mé le pelotun arivét. I m’ae seù trovai enprisounai deden. É be, créyéz me si ve veléz, i ae pa pu m’en sorti avant Ourléans...

 

(Un jour de course Bordeaux-Paris, j’ai voulu traversé la nationale 10 un peu au sud de Poitiers, où j’habitais alors. Mais le peloton arrivait. Je me suis trouvé pris dedans. Et bien, croyez-moi si vous voulez, je n’ai pu m’en dégager qu’à Orléans... [xviii])

 

 

 

La métaphore envisagée fait peut-être référence, de façon symbolique et comme un marqueur psycho-historico-social, aux enlèvements (souvent de femmes) par des hordes d'envahisseurs (Barbares, enlèvement des Sabines…). Elle est en tout cas constamment revisitée, notamment par les rumeurs d'enlèvements et “relâchages” de personnes par des extraterrestres, qui en reprennent le motif, mais a priori sans recul humoristique.

 

[C4]- Parallélismes métaphoriques

Violette Morin[xix] repère cette capacité à “confondre” par la vertu de la métaphore en parlant de “dichotomie” engendrant une équivalence contrariée devenant paradoxale. Il ne s’agit pas de monde renversé, mais “renversant”. Mais s’agit-il d’une menterie ?…

“Un homme normal, mollement étendu sur un divan, fait minou-minou à son chat. Le fakir, mollement étendu sur sa planche à clous, fait minou-minou à son hérisson…”

 

[D]- Oxymores non paradoxaux

Il s’agit d’oppositions radicales qu’on ne peut résoudre logiquement hors de l’absurdité. Je dis non-paradoxal parce que l’intérêt du paradoxe est justement, en général, d’être résolu et de mener à une solution “raisonnable”. Ici l’impossible absolu est juste donné comme authentique, sans tentative de résolution.

«Il y avait “le beau de Vibrac”. Il avait été à la chasse, et il avait tué une caille, qui était grasse, mais qui était grasse ! À pleine peau, une boule de graisse ! C’est pas compliqué, qu’il dit, je l’ai mise sur le grill, et puis, mon vieux, ma femme a apporté du bois, je sais pas combien on a dépensé, mais on n’a jamais pu la faire cuire, la graisse fondait et a rué le feu ! »[xx]

Bien sûr, cette graisse qui coule le fait comme de l’eau, qui éteint le feu ; il y a donc aussi un raisonnement articulé autour d’une métaphore (la graisse fondue coule comme un liquide, voire comme de l’eau) … Les morphotypes se combinent souvent.

Les menteries climatiques sont particulièrement riches en ce  domaine, notamment le rapport chaud / froid, comme dans cette menterie déjà citée dans les “combles” et qu’on trouve même dans “Le Baron de Crac” ou “de Munchausen”. Version poitevine :

“çhelle annaie-là, l’hiver étét si fré qu’au cabanun le feu avét jhelai !”[xxi]

 

[E]- Chiasmes et renversements délirants

Deux éléments énoncés avec une relation mutuelle se retrouvent à la chute, avec le plus souvent le même lien, mais inversés.

De multiples exemples entendus utilisent un tel procédé de renversement :

“le curé expliquait à ses ouailles inquiètes : s’il pleut le matin, on fera la procession l’après-midi ; s’il pleut l’après-midi, on la fera le matin.”

Dans l’exemple suivant, c’est la formulation et non le contenu de l’histoire qui est “mensongère”, avec un faux contraire uniquement justifié par la syntaxe :

“Moi, dit l’un, quand je bois du café, je ne peux pas dormir.

– Moi, dit l’autre, c’est le contraire : quand je dors je ne peux pas boire de café.”

 

Dans la typologie de Violette Morin[xxii], ce type correspond assez étroitement avec la partie “Figures à articulation bloquée, récits à disjonction sémantique : articulation bloquée par inversion des signes”. Son corpus d’histoires provient d’une rubrique quotidienne du journal France-Soir. Par exemple, celle-ci, qui n’est peut-être pas exactement une menterie :

“Une femme voudrait que son mari la laisse partir à la mer.

–     Devant la mer, je penserai à toi…

–     Je préfère que, devant moi, tu penses à la mer.”

Ou celle-ci qui entre plus clairement dans le genre.

“Un mouton rencontre un autre mouton et lui trouve l’air fatigué.

– C’est que j’ai compté 147 bergers avant de m’endormir…”

Sinon, l’effort typologique de Violette Morin ne coïncide pas vraiment avec notre approche. Il est vrai qu’elle concerne les histoires drôles en général, et un corpus plutôt spécifique.

Le “monde renversé”, vieux principe servant de base à des “déclinaisons renversantes”, pourrait trouver sa place comme élément-motif dans une menterie. L’élément fondateur du morphotype étant : dans un monde normal [A > soumet, fait, mange > B], dans l’univers renversé, justement, tout bascule et [B > soumet, fait, mange > A].

 

[F]- Chaines insécables rompues

Parfois, une suite de faits, d’objets, d’éléments, le temps par exemple, a un ordre immuable dont on ne peut retrancher d’éléments. C’est ce que le menteur outrepasse gaillardement

 

[F1]- Le temps irrationnel

décaler des éléments placés dans une chronologie, jouer avec le temps dans la mesure où il repère les âges, par exemple, est un ressort de menterie :

“Ma mère a été malheureuse. Tu sais, à cette époque, pas de contraception, c’était grossesse sur grossesse. Elle a eu neuf enfants. Elle a été malheureuse. D’ailleurs elle est morte en couche, mais je ne sais plus si c’est pour le sixième ou le septième…”[xxiii]

 

[F2]- L’unité physiologique dédoublée

D’autres fois on propose un dédoublement physique impossible qui, de la même façon, sépare un ensemble insécable en deux.

“… Et bien moi, tu m’entends Panisse, j’en ai connu un bien plus grand que ça !

–     Ça m’étonne fort.

–     Et c’est pourtant vrai… À preuve que pour mettre son chapeau sur sa tête, il lui fallait prendre une grande échelle !”[xxiv]

 

Autre exemple d’unité physiologique niée, bien connu en Poitou et ailleurs :

“Y a un chasseur qui tue un lapin qu’était très gros. Ils mettent le devant en civet, pis ils ont mis le derrière au mâle.”[xxv]

 

[F3]- le maillon décalé ou enlevé

On connaît le conte blasonnant (conte ou menterie ?) des habitants de Bazas qui voulaient aller dans la lune avec des échelles et qui prennent l’échelle du bas pour rallonger celle du haut, ou celui de la chaîne dont un des membres lâche les autres (ou la corde) pour cracher dans ses mains ; le fait est que dans un conte ces éléments narratifs apparaissent comme des motifs ou des principes “logiques” empruntés au monde de la menterie.

 

[G]- Impossibilités fructueuses

Il s’agit d’énoncer une situation ou un acte absurde, lié à un contexte (la chasse, par exemple), comme s’il s’agissait d’une banalité. A est impossible, “donc” si A devient possible, A est fructueux... Contre toute attente, le résultat de la chasse, par exemple, s’avère extrêmement positif. L’exagération, dont le propre est, progressivement, de rendre la réalité impossible, y est un moteur fondamental. On pourrait croire que, dans ce type de menterie, on s’approche du modèle du “monde renversé”, l’impossible devenu réalité devenant le moteur du récit, sous forme de conséquences. Mais en ce cas l’impossibilité est plutôt menaçante ou au moins inquiétante (le chasseur chassé par le gibier, le cochon cuisinant l’humain…) que fructueuse… C’est plutôt dans les chiasmes que cette ancienne représentation trouve sa place.

 

[G1]- La solution impossible

Le cas le plus classique consiste à imaginer qu’une conséquence fructueuse découle d’un geste absurde ou en tout cas inopérant, impossible. «L’avait de l’eau jusqu’au cou, puis le s’était mis à genoux pour tirer les canards...» [xxvi]

 

[G2]- L’aubaine

Cette notion d’impossibilité fructueuse culmine probablement avec le succès involontaire de certaines quêtes ou chasses, comme la trouvailles de gros (ou de nombreux) poissons dans les bottes d’une personne venant de traverser un plan d’eau ou une rivière. En ce cas on peut parler d’aubaine. (A man wading in water catching many fish in his boots T1895)

 

[H]- ellipses & télescopages

Cette catégorie rassemble des menteries dont chacune mêle, intercale ou enchaîne plusieurs récits, dont l’un au moins est un conte de mensonge.

 

[H1]- La double détente

Dans certains cas, la chute est différée (deux temps de narration sont volontairement séparés dans le temps, la chute du second récit reprenant de façon inattendue un élément acquis dans le premier, comme dans le cas du “mange-cailloux”). Dans d’autres la chute est simplement distordue (parce que tout n’avait pas été dit dans le premier temps de narration…). Il y a télecopage entre des narrations dont on masque les liens jusqu’à la chute.

On trouve de façon récurrente de telles menteries en deux temps : une première fin, puis la vraie chute à la seconde fin, toujours basée sur un paradoxe abusivement déduit, assimilable encore à une forme de sophisme : chien d’arrêt a un lien avec très longue patience ; temps très long a un lien avec dessication de la viande ; donc le chien se dessèche à force de patience.

“L’avét i chén d’arrét coume jhamae. I  jhour, le chén arréte su  i  leuvre. Pi le chén avunçét pu. Le boujhét pu ! Rin a faere. Alors mun gâ s’ét en allai, disant d’maeme : te boujh’ras bé i jhour ! Va t’faere foute, ine onni (année) a passi. Le gâ a r’trouvi le squelette dou leuvre pi le squelette dou chén qu’aviont pas boujhai !” [xxvii]

 

Autre exemple :

«Il avait acheté un chien pour son fils, un chien qui était tout jeune [...] un chien d’arrêt  [...] Et la première journée de chasse, ils ont perdu le chien [...] Alors, euh, ils en ont pas fait un drame, hein, ils ont demandé à des copains s’ils avaient retrouvé le chien, personne avait vu le clébard. Alors, l’année après, ils se retrouvent à chasser au même endroit. Le chien, ils l’avaient complètement oublié [...] Au détour d’un coin de bois, tout d’un coup, ils voient un squelette de chien, debout encore, à l’arrêt, et puis ils vont voir. Et puis en effet il y avait au nez du chien un squelette de caille...»[xxviii](X1130 ?)

Un autre exemple encore, en dehors du domaine de la chasse :

“ La semaine dernière, je pars pêcher dans l’estuaire. Je ne sais pas pourquoi, j’ai été malade, mais malade… alors que d’habitude ça ne m’arrive jamais.

Il y a deux jours, je retourne pêcher au même endroit. Là une touche énorme. Je me bats avec un bar gigantesque une bonne demi-heure. Je bascule la bête dans le bateau. Mais au moment de retirer mon hameçon avec mon trocard, le poisson fait comme une sourire et là… qu’est-ce que je vois : le bar portait mon dentier ! Excuse-moi si je ne te donne pas les détails…” (entendu récemment dans les Deux-Sèvres). (X1150, mesonges à propos de pêche)

Plusieurs temps, et des récits distincts, sont bien présents mais le narrateur qui les fait se télescoper omet volontairement le lien, et plus précisément certaines péripéties : partir à la pêche et être malade ; vomir son dentier dans la mer où vit le poisson qui a des dents et peut mettre un dentier (ellipse) ; un temps s’écoule ; le pêcheur pêche le poisson et récupère son dentier…

 

[H2]- Les parallèles qui se croisent

Une autre sorte de télescopage consiste à faire se rencontrer deux personnages-types, deux chasseurs-chanceux légendaires, voire deux motifs. Certes, dans ce cas, ce sont plutôt les motifs que les principes de narration qui se rencontrent. Mais ce principe même est générateur de menteries ; c’est en ce sens que ce type mérite d’être retenu. Les exemples sont légion et souvent uniques, presque par définition (la trouvaille, le rapprochement inattendu). Citons par exemple l’association provençale (à quelques centaines de kilomètres près) de Tartarin et de la sardine de Marseille, celle-ci tirant l’embarcation du chasseur pour entrer dans le port… Connue dans l’oralité, cette rencontre a fait l’objet de plusieurs séries de cartes postales.

 

[H3]- Les joutes de menteurs

Parfois la menterie elle-même raconte une rencontre entre menteurs plus ou moins légendaires, pour illustrer la capacité de chacun à surenchérir. C’est le fameux type de Aarne & Thompson T1920, lying contests. En soi c’est déjà une forme de “cascade” (voir plus loin).

Exemple d’improvisation cité par Michel Valière et Catherine Robert :

“C’était pendant la guerre, on était un groupe et devant nous y avait plein d’Allemands. Je quitte le groupe, contourne les Allemands et en trouve un tout seul devant moi. Avec ma baïonnette, au bout de mon fusil, je le cloue à un arbre qu’était là !

– C’était pas un grand, blond…?

–     Oui, répond l’autre.

–     C’est justement celui que j’avais tué en quatorze !” [xxix]

Cette dernière remarque relève d’un principe souvent rapporté (comme le bien connu : “C’est-y toi ou ton frère qu’est mort à la guerre ?…”[xxx]). Ces surenchères peuvent être recueillies en direct, créées sur place ; elles peuvent être un jeu convenu à l’avance ; elles peuvent enfin être racontées par un tiers, comme souvenir d’une joute passée ou pour glorifier l’à-propos d’un menteur. Il est parfois difficile de faire la part entre ces trois situations…

 

[I]- Changement de point de vue

Régulièrement, certains chercheurs (dont Gérald Thomas) prétendent que tout l’effet dramatique manque lorsque l’on entend conter des mensonges de deuxième main. Ce serait souligner l’importance de la narration à la première personne. Mais voilà : précisément, à la suite de ce commentaire, les exemples donnés, s’ils sont bien plutôt à la première personne, emploient celle, “revisitée” nécessairement, d’un conteur décédé et semi-légendaire[xxxi]. Dans la plupart des menteries, les narrateurs en font autant. Plutôt que d’y voir un collectage “par défaut” ou “indirect”, pourquoi ne pas y voir une tactique ? Penchons donc pour un jeu subtil, quoique rarement complètement convenu, autour du point de vue proposé. Le récit d’un autre permet, à volonté, de choisir la focalisation, le point de vue ; de transcrire son histoire telle quelle, à la première personne :

«In jhour, o fasait ine chaleur à tuer un preite et jh’avions rat’lé dau foin toute la matinée»

... ou de la raconter à la manière d’un mythe dérisoire, en narrateur omniscient :

«Le vieux Fougère était in jhour au marais avec son fusil à in cop »

... ou encore de glisser de l’un à l’autre en utilisant le discours direct, celui du moment de l’action, qui permet de faire parler l’un ou l’autre des protagonistes :

«Jh’l’ai loupé, m’en doute, qu’i s’dit »

Ailleurs, enfin, on constate une stratégie, même relativement inconsciente : une incertitude quant au pronom qui désigne celui qui raconte, notamment quand il se confond avec le “héros”. En effet, les conteurs peuvent soit mentir eux-mêmes (première personne) dans un but de mystification, soit mentir avec une procuration (!) fictive.

Dans certains cas, en effet, on peut réellement parler d’un faux narrateur omniscient ou de style indirect libre. Là, il use de la troisième personne ; plus loin il la quitte discrètement pour laisser croire qu’il dit tout, alors qu’il cache l’essentiel dans une ellipse qui ménage la chute. C’est bien le cas dans l’histoire suivante, où le paradoxe, contrairement aux exemples précédents, est au début. Cela commence à la troisième personne :

«[...] Simonneau [...], il avait perdu un perdreau. Il chassait dans un pré qui était entouré de haies et puis, c’est une luzerne, et en passant une porte, il lève une perdrix dans les pieds. Il lui met un coup de fusil, elle retombe dans le milieu du pré. Alors il court, arrive à l’endroit où elle était tombée, il cherche, il la trouve pas[...] Alors lui, il l’a marqué, le point de chute, et puis, il a pris le champ en colimaçon, de la partie la plus large, en se rapprochant du point du chapeau. »

Ensuite, le narrateur glisse à la première personne, en discours direct ; ainsi la focalisation est devenue celle du chasseur, mais l’auditeur inattentif peut toujours croire qu’on lui dit tout :

«Alors, il y a pas de problème. En passant à chaque fois à un mètre de la courbe, je vais retrouver cette perdrix qui est perdue dans ce champs.»

Avec le retour à la troisième personne omnisciente, on va découvrir la chute, qui est explicative, donc satisfaisante d’un point de vue logique, bien qu’elle repose sur une absurdité :

«Puis il est arrivé au point où elle était tombée au début, il avait pas trouvé la perdrix. Il a ramassé son chapeau, il s’est retourné, puis c’est là qu’il s’est aperçu que depuis le début la perdrix le suivait !» (X584, blagues à propos de chansseurs & X1130, mensonge : expériences inhabituelles de chasseurs)

L’auditeur est “piégé” par la révélation finale, que le narrateur “omniscient” aurait pu annoncer dès le début ; mais en réalité il s'est servi du point de vue du chasseur...

Il y a donc bien à l’œuvre des “trucs” raffinés de raconteurs, réellement d’esprit littéraire.

 

[J]- Accumulation à chute dérisoire

L’accumulation est une figure de style connue pour son efficacité. On voit bien, notamment dans les menteries de type “climatique”, que l’aspect chaîne catastrophique peut jouer un rôle efficace. Encore mieux avec une gradation qui fait monter la tension. D’un coup, ou par accoups, le champ de l’impossibilité s’interrompt, cette sortie brutale ou récurrente du genre menterie ayant souvent un effet plus surprenant que drôle.

Précisément, les menteurs jouent souvent la surprise en ce domaine, préférant à une dramatisation convenue étonner l’auditoire par des éléments brusquement dérisoires. Deux possibilités sont exploitées :

 

[J1]- L’alternance des extrêmes

On peut les trouver en alternance de valeurs (fort-faible-fort-faible ; important-dérisoire… ; dramatique-comique), comme dans ces répliques du“Monde Renversé”, pièce en un acte de 1718 :

“Pierrot

Oui ma foy. Il faut que nous aïons passé pardessus la Méditerranée, la rivière de Seine, la Mer noire & la rivière des Gobelins.

 

Arlequin

Il est vray. Je crois avoir vu sous mes pieds Constantinople, Chaillot, la Chine & Passy.”[xxxii] (X583, blagues à propos de voyageurs)

 

[J2]- La montée interrompue

Dans les menteries “climatiques”, c’est le vent qui utilise le plus ces escalades rompues :

“O bufét... Mé o bufét ! le cornard arachit yine toeture, in abre, in jhelinàe avec sés jhelines que le prçhit den in tétard, ine pumpe é sés cent vént métres de trute, é pi... tràes rens de carotes den le jhardin !”

(Ça soufflait, mais ça soufflait ! le vent du nord arracha un toit, un arbre, un poulailler avec ses poules qu’il percha dans un têtard, une pompe avec ses cent vingt mètres de tuyau et puis... trois rangs de carottes dans le jardin !)  (X1610, mensonges à propos de vents)

 

[K]- “Cascade”…

Un dernier cas apparaît comme une sorte de feu d’artifice du genre : une première histoire, qui peut appartenir à l’un ou l’autre des types indiqués précédemment, ou  être d’une très grande banalité, rebondit au moment de son état final sur une autre mésaventure sidérante, inattendue, et ainsi de suite autant de fois qu’un déplacement dans l’espace (un pied posé ailleurs, une chute, un lancer, un saut...) entraîne un autre rebondissement dans une accumulation délirante mais le plus souvent positive.

Certaines versions, simples (une seule conséquence inattendue) semblent plus modernes :

"In jhour, ol ét in chaçour, le se prméne den la canpagne é pi le voet un pijhun romàe... su daus fils éléctriques. Alore, le tire le pijhun, le l’éscofie. Mé de ménme l’a sécciounai in fil éléctrique pi ol ét tunbai su troes vaches qu’avant étai tuàies itou d’in seùl cop."

(Un jour, c’est un chasseur, il se promène dans la campagne et il voit un pigeon ramier... sur des fils électriques. Alors, il tire le pigeon, il le tue. En même temps, il a sectionné un fil électrique et c’est tombé sur trois vaches qui ont été tuées d’un seul coup.[xxxiii])

Les motifs retenus par Stith Thompson[xxxiv] et  Ernest W. Baughman[xxxv] connaissent bien sûr ce principe narratif, témoin ce relevé de références pour un récit de ce type : X1124.3. X1124.3. Accidental discharge of gun kills much game. Gun kills a bird which falls on loose limb of tree, which falls on bear, etc., etc. (First ed. X921.1.) Type 1890; American Negro (Georgia): Harris Friends 154 No. 21…

En voici quelques exemples empruntés, comme pour beaucoup, à l’univers de la chasse et de la pêche.

« Nénesse avét tirai in fésan çh’étét tumbai à l’aive ; le va l’cherchae ; quand qu’le sort de la rivére avec le fésan duns lés moins, l’avét atou in brochet dins sés bottes !»

(Ernest avait tiré un faisan qui était tombé dans l’eau ; il va le chercher ; lorsqu’il sort de la rivière avec le faisan dans les mains, il avait aussi un brochet dans ses bottes !)[xxxvi]

« C’est un jour, c’est un chasseur, il se promène dans la campagne et puis il voit un pigeon ramier... sur des fils électriques. Alors, il tire le pigeon, il le tue, en même temps, il a sectionné un fil électrique et c’est tombé sur trois vaches qui ont été tuées elles aussi d’un seul coup. »[xxxvii]

« Dans mon temps, i étés de chance pr la chasse au mans. Mon père m’envoya cherchàe de la jhemme pr greffàe daus poéras. I passis au drét pr la garenne, passis d’in petit senda. I achéte ma jhemme, en me rendant i passis core dans mon petit senda. O venét un grou llièvre drét a ma. I prni ma jhemme, i ll’y foutus pr le front, le s’en retourna, o y en venit in autre, drét a li. Le se collit l’in duns l’autre. I guitte més deux lots, i couris pr lés atrapàe, i lés atrape tous deux. I retourne cherchàe més deux lots, dedins o y avét deux belles perdrix!

Ah, i étés de chance dins mun temps pr la chasse au mans.

I me rendis a la mésun, o passét une belle bande d’oies sauvages, i rentre vite prendre mun fusaie ; pris par le temps de sortir devo’, i tiris dins la cheminée, le pot a soupe étét dessus le feu, la courtouére étét pas dessus. Deux oies bouillies, une de routie.

Ah, i étés de chance dins mun temps pr la chasse au mans... »[xxxviii]

 

En conclusion provisoire…

Ces catégories ne rendent certainement pas compte de tout l’arsenal possible. D’autre part, on comprend que toutes ces possibilités de tenter une validation factice de l’impossibilité peuvent se combiner entre elles… D’ailleurs, réciproquement, comme pour toutes les approches typologiques utilisant des points de vue transversaux, un grand nombre d’histoires, on l’a vu, entrent dans deux ou trois catégories. L’une des qualités requises du bon menteur est justement sa faculté à mêler des canevas dans une nouvelle création. C’est évidemment surtout le cas pour le genre “cascade”…

Ce qu'il faudrait faire pour tester cette typologie et en faire réellement un outil va dans trois directions :

1- intégrer dans notre approche tous les types (T) dits “Aarne & Thompson” et les motifs “Thompson & Baughman” (au moins les mentions “lies” et “lyings”). Mais il faut toujours chercher à dénicher la narration réelle, un résumé pouvant ne pas rendre compte suffisamment de la stratégie du récit.

2- classer toutes les menteries de nos collectes pour vérifier que le corpus de types est suffisant.

3- effectuer une collecte de menteries avec deux idées fixes en tête :

-      D’abord ne pas se contenter de chercher ce quon connaît déjà ni des contextes déjà identifiés mais ouvrir la collecte à des espaces de groupes sociaux moins bien documentés.

-      Enfin toujours faire le va-et-vient entre ces éléments collectés et la compréhension typologique des types, des motifs et des morphotypes, pour alimenter et renouveler le classement des acquis…

 

Claude RIBOUILLAULT

 



[i]           Valière, Michel & Robert, Catherine, La tradition orale du conte de mensonge en Poitou, in Croyances, Récits & Pratiques de Tradition, Mélanges Charles Joisten, 19 36-1981, n°1-4 1982, pp. 337-347.

[ii]        Enquête JJ.Chevrier à Gençay, 23-12-77.

[iii]          “Tall” en anglais veut dire “grand par la taille”.

[iv]          Weill, Alain, Photomontages improbables, Tall-Tale Postcards américaines du début du XX° siècle, Gourcuff Gradenico éd., 2011.

[v]             “American Legend, The real-life adventures of David Crockett”, Buddy Levy, G. P. Putnam’s sons, New York  2005.

[vi]          “The Jack Tales”, set down and edited by Richard Chase, Houghton Mifflin Company, 1943.

[vii]         “Paul Bunyan”, James Stevens, Garden City Publishing Co. Inc., New York 1925.

[viii]        “Will Rogers, Larger than Life”, champion légendaire du lasso, Debbie Dadey & Scott Goto, Walker & Co, New York 1999.

[ix]          C’est le cas par exemple du “Vieux Fougère” (Anne Audier, Gérald Thomas & Charly Grenon, op. Cit.) ou de “Ritonti” (Michel Valière & Catherine Robert, p342, op. Cit.) dans les menteries recueillies en Poitou-Vendée…

[x]           Au début du XIX° siècle, Charles ROUSSELLE (sa statue est encore, semble-t-il, au jardin des Tuileries en Hercule terrassant l’Hydre) fut surnommé l’Hercule du Nord. Un jour, pour indiquer le chemin à un passant, il saisit sa charrue d’une seule main “ et la souleva comme il eût fait d’un jouet. “ Il reste aussi un des plus grands lutteurs de son époque (1827).

[xi] Voir à ce sujet sur les sites québécois, et notamment :

http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/78025/de-curiosite-a-legende-d-un-peuple

[xii]        Enquête JJ.Chevrier à Gençay, jan.77.

[xiii]        Les nouvelles histoires de Marius, par K. Stor, p85.

[xiv]        G.Thomas, “Le Subiet”, sept-oct. 73.

[xv]           Cent histoires de menteries, op. cit. n°16.

[xvi]        Claude Ribouillault, 100 histoires de menteries en Poitou-Charentes-Vendée, Geste éditions, La Crèche (79), 2001, n°85.

[xvii]          Cent histoires de menteries, op. Cit. N°30.

[xviii]         Cent histoires de menteries, op. Cit. N°99.

[xix]        Violette Morin, op. cité, pp 102-119.

[xx]         Conté par Raymond Texier. cité par G.Thomas, “Subiet”, 5° livr., sept-oct.73.

[xxi]        (Christian Thebault, Coutant d’Augé (79), 1997).

[xxii]        Violette Morin, 1966, pp 104-105.

[xxiii]       Raconté par M. Magnien, Souvigné (79).

[xxiv]       Les nouvelles histoires de Marius, par K. Stor, p145.

[xxv]       Enquête JJ.Chevrier. Voir “Gens de Cherves” (1972, Doc. Oral G2C.), etc.

[xxvi]     Michel Valière et Catherine Robert, «La tradition orale du conte de mensonge en Poitou», op. cit.

[xxvii]     G.Thomas, “Le Subiet”, sept-oct. 73.

[xxviii]    Attribué à Simonneau, conté par Raymond Texier. In G.Thomas, “une veillée rochelaise : trente contes de mensonge”, “Le Subiet”, revue de la SEFCO, tome VII, 4° livraison, juil-août 73.

[xxix]       Valière, Michel & Robert, Catherine, op. cit. p345, citant J.-J. Chevrier, restitué d’après un texte entendu à Verrières (Vienne), “Chez le coiffeur”, en novembre 1977.

[xxx]      On trouve une mention de cette formule dans Bonaventure des Périers, au XVI° siècle.

[xxxi]     Comme les histoires attribuées au “Vieux Fougère”, Audier (A.), 1971 : “6 contes de mensonges recueillis à Ste Gemme”, introduction G.Thomas, bulletin de la SEFCO, janvier-fevrier.

[xxxii]      Mrs. Le S**. & D’Or**., “Le Monde Renversé, pièce d’un acte sur le plan de M. de la F*., représenté à la Foire de Saint Maurent 1718”, in“Le théâtre de la Foire ou l’opéra comique, tome III, par Mrs. Le Sage & d’Orneval, à Paris, 1721.

[xxxiii]        Cents histoires de Menteries, op. cit. N°2.

[xxxiv]      Stith Thompson, Motif-Index of Folk-Literature, Helsinki, FFC n° 106-109 et 116-117 (Bloomington, Indiana University Press, 1932-1934 et 1935-1936,  2nde éd., 1966).

[xxxv]             Ernest W. Baughman., Type and Motif-Index of the folktales of England and North America, 1966.

[xxxvi]      Christian Thebault, Coutant d’Augé (79), 1997.

[xxxvii]     Enquête M.Valière, à Gençay, 2 avril 1980.

[xxxviii]    M. Emile Caillon, le Retail, Doc. CPG, CERDO de Métive-UPCP de Parthenay (79).

 

 

       Quelques repères bibliographiques

 

-                         Audier (A.), « Six contes de mensonge », revuie de la SEFCO, janvier-février, 1971.

-                         Audier (A.), Thomas (G.), Grenon (C.), « Contes et conteurs de mensonges. Histoire du vieux Fougère, de Damien et de Grenon de la Belle-Croix à Ste-Gemme, en Saintonge », revue de la SEFCO, janvier-février 1972.

-                         S.Thompson et de A.Aarne, « The types of the Folktale », Folklore Fellows Communications n°184, Helsinki, 1910-1961.

-                            P.-L. Duchâtre et René Saulnier, « L’imagerie parisienne… », Paris, Gründ, 1944.

-                         « Le dictionnaire des jeux familiers », ou « Le nouveau savant de société », publié en 1853 à Paris par F.Bechet.

-                         K. Stor, « Les nouvelles histoires de Marius », Les Belles Éditions, Paris, vers 1920-30

-                         Éliane Daphy, « Et je te la fais en version courte… ou du recueil des paroles à rire chez les musiciens », in Colloques Langues’O, Paris, INALCO, 1999.

-                         Jack Goody, « La raison graphique, la domestication de la pensée sauvage », Paris, Minuit, 1977 & Cambridge University Press, 1979.

-                         Arnold Van Gennep, « Manuel de Folklore contemporain », tIV, Parsi, Picard.

-                         Violette Morin, « L’histoire drôle », in Communications, 8, 1966.

-                         G.Thomas, « À propos de contes de mensonges », revue de la SEFCO, mars-avril 1973, pp115-116.

-                         G.Thomas, « une veillée rochelaise : trente contes de mensonge », “Le Subiet”, revue de la SEFCO, tome VII, 4° livraison, juil-août 73.

-                         Gérald.Thomas, “Le Subiet”, sept-oct. 73.

-                         Claude Ribouillault, « 100 histoires de menteries en Poitou-Charentes-Vnedée », Geste éditions, La Crèche (79), 2001.

-                         Michel Valière et Catherine Robert, « La tradition orale du conte de mensonge en Poitou », in « Croyances, récits et pratiques de tradition » (Mélanges Charles Joisten, 1936-1981), Le monde alpin et rhodanien, n°1-4, 1982.

-                         Michel Valière et Catherine Robert, « Récits et contes populaires du Poitou », Oaris, Gallimard.

         -         Audier (A.), 1971 : “6 contes de mensonges recueillis à Ste Gemme”, introduction G.Thomas, bulletin de la SEFCO, janvier-fevrier.

-                         CERDO de Métive-UPCP de Parthenay (79).

-                         Claude Ribouillault, « chasses traditionnelles insolites, Chasser le surnaturel, le bitard… » in Chasses & Traditions, sous la direction de jean-Louis Neveu, Geste éditions, La Crèche (79), 1998, pp184-189.

-                         Claude Ribouillault, « Menteries de chasse », in Chasses & Traditions, sous la direction de jean-Louis Neveu, Geste éditions, La Crèche (79), 1998, pp190-211.

-                         Claude Ribouillault, « Grand comme ça ! Chasse & pêche, lieux de mémoire et d’oralité », in La Mandragore, n°1, Métive/CERDO, 1997, pp121-126.

-                         Virginie Kollmann, « Bitardville », in Coutumes en Vienne n°1, Geste édition, Mougon (79), pp12-29.

-                         Campion-Vincent (V.), « Légendes urbaines, Rumeurs d’aujourd’hui », Paris, Payot, 1990.

-                         Frédéric Dumerchat, « Les auto-stoppeurs fantômes », in Communications, Volume 52, N°1, 1990, pp249-281.

 

 

 

Le Pays de Cocagne, sur une carte postale allemande, vers 1900
Le Pays de Cocagne, sur une carte postale allemande, vers 1900

Notes et Bibliographie

 

 

[1]          Valière, Michel & Robert, Catherine, La tradition orale du conte de mensonge en Poitou, in Croyances, Récits & Pratiques de Tradition, Mélanges Charles Joisten, 19 36-1981, n°1-4 1982, pp. 337-347.

 

[1]        Enquête JJ.Chevrier à Gençay, 23-12-77.

 

[1]          “Tall” en anglais veut dire “grand par la taille”.

 

[1]          Weill, Alain, Photomontages improbables, Tall-Tale Postcards américaines du début du XX° siècle, Gourcuff Gradenico éd., 2011.

 

[1]             “American Legend, The real-life adventures of David Crockett”, Buddy Levy, G. P. Putnam’s sons, New York  2005.

 

[1]          “The Jack Tales”, set down and edited by Richard Chase, Houghton Mifflin Company, 1943.

 

[1]          “Paul Bunyan”, James Stevens, Garden City Publishing Co. Inc., New York 1925.

 

[1]          “Will Rogers, Larger than Life”, champion légendaire du lasso, Debbie Dadey & Scott Goto, Walker & Co, New York 1999.

 

[1]          C’est le cas par exemple du “Vieux Fougère” (Anne Audier, Gérald Thomas & Charly Grenon, op. Cit.) ou de “Ritonti” (Michel Valière & Catherine Robert, p342, op. Cit.) dans les menteries recueillies en Poitou-Vendée…

 

[1]           Au début du XIX° siècle, Charles ROUSSELLE (sa statue est encore, semble-t-il, au jardin des Tuileries en Hercule terrassant l’Hydre) fut surnommé l’Hercule du Nord. Un jour, pour indiquer le chemin à un passant, il saisit sa charrue d’une seule main “ et la souleva comme il eût fait d’un jouet. “ Il reste aussi un des plus grands lutteurs de son époque (1827).

 

[1] Voir à ce sujet sur les sites québécois, et notamment :

 

http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/78025/de-curiosite-a-legende-d-un-peuple

 

[1]         Enquête JJ.Chevrier à Gençay, jan.77.

 

[1]          Les nouvelles histoires de Marius, par K. Stor, p85.

 

[1]          G.Thomas, “Le Subiet”, sept-oct. 73.

 

[1]            Cent histoires de menteries, op. cit. n°16.

 

[1]          Claude Ribouillault, 100 histoires de menteries en Poitou-Charentes-Vendée, Geste éditions, La Crèche (79), 2001, n°85.

 

[1]            Cent histoires de menteries, op. Cit. N°30.

 

[1]            Cent histoires de menteries, op. Cit. N°99.

 

[1]          Violette Morin, op. cité, pp 102-119.

 

[1]          Conté par Raymond Texier. cité par G.Thomas, “Subiet”, 5° livr., sept-oct.73.

 

[1]          (Christian Thebault, Coutant d’Augé (79), 1997).

 

[1]          Violette Morin, 1966, pp 104-105.

 

[1]          Raconté par M. Magnien, Souvigné (79).

 

[1]          Les nouvelles histoires de Marius, par K. Stor, p145.

 

[1]         Enquête JJ.Chevrier. Voir “Gens de Cherves” (1972, Doc. Oral G2C.), etc.

 

[1]        Michel Valière et Catherine Robert, «La tradition orale du conte de mensonge en Poitou», op. cit.

 

[1]        G.Thomas, “Le Subiet”, sept-oct. 73.

 

[1]        Attribué à Simonneau, conté par Raymond Texier. In G.Thomas, “une veillée rochelaise : trente contes de mensonge”, “Le Subiet”, revue de la SEFCO, tome VII, 4° livraison, juil-août 73.

 

[1]          Valière, Michel & Robert, Catherine, op. cit. p345, citant J.-J. Chevrier, restitué d’après un texte entendu à Verrières (Vienne), “Chez le coiffeur”, en novembre 1977.

 

[1]        On trouve une mention de cette formule dans Bonaventure des Périers, au XVI° siècle.

 

[1]        Comme les histoires attribuées au “Vieux Fougère”, Audier (A.), 1971 : “6 contes de mensonges recueillis à Ste Gemme”, introduction G.Thomas, bulletin de la SEFCO, janvier-fevrier.

 

[1]          Mrs. Le S**. & D’Or**., “Le Monde Renversé, pièce d’un acte sur le plan de M. de la F*., représenté à la Foire de Saint Maurent 1718”, in“Le théâtre de la Foire ou l’opéra comique, tome III, par Mrs. Le Sage & d’Orneval, à Paris, 1721.

 

[1]            Cents histoires de Menteries, op. cit. N°2.

 

[1]          Stith Thompson, Motif-Index of Folk-Literature, Helsinki, FFC n° 106-109 et 116-117 (Bloomington, Indiana University Press, 1932-1934 et 1935-1936,  2nde éd., 1966).

 

[1]             Ernest W. Baughman., Type and Motif-Index of the folktales of England and North America, 1966.

 

[1]          Christian Thebault, Coutant d’Augé (79), 1997.

 

[1]          Enquête M.Valière, à Gençay, 2 avril 1980.

 

[1]          M. Emile Caillon, le Retail, Doc. CPG, CERDO de Métive-UPCP de Parthenay (79).

 

 

 

 

 

       Quelques repères bibliographiques

 

 

 

-                         Audier (A.), « Six contes de mensonge », revuie de la SEFCO, janvier-février, 1971.

 

-                         Audier (A.), Thomas (G.), Grenon (C.), « Contes et conteurs de mensonges. Histoire du vieux Fougère, de Damien et de Grenon de la Belle-Croix à Ste-Gemme, en Saintonge », revue de la SEFCO, janvier-février 1972.

 

-                         S.Thompson et de A.Aarne, « The types of the Folktale », Folklore Fellows Communications n°184, Helsinki, 1910-1961.

 

-                            P.-L. Duchâtre et René Saulnier, « L’imagerie parisienne… », Paris, Gründ, 1944.

 

-                         « Le dictionnaire des jeux familiers », ou « Le nouveau savant de société », publié en 1853 à Paris par F.Bechet.

 

-                         K. Stor, « Les nouvelles histoires de Marius », Les Belles Éditions, Paris, vers 1920-30

 

-                         Éliane Daphy, « Et je te la fais en version courte… ou du recueil des paroles à rire chez les musiciens », in Colloques Langues’O, Paris, INALCO, 1999.

 

-                         Jack Goody, « La raison graphique, la domestication de la pensée sauvage », Paris, Minuit, 1977 & Cambridge University Press, 1979.

 

-                         Arnold Van Gennep, « Manuel de Folklore contemporain », tIV, Parsi, Picard.

 

-                         Violette Morin, « L’histoire drôle », in Communications, 8, 1966.

 

-                         G.Thomas, « À propos de contes de mensonges », revue de la SEFCO, mars-avril 1973, pp115-116.

 

-                         G.Thomas, « une veillée rochelaise : trente contes de mensonge », “Le Subiet”, revue de la SEFCO, tome VII, 4° livraison, juil-août 73.

 

-                         Gérald.Thomas, “Le Subiet”, sept-oct. 73.

 

-                         Claude Ribouillault, « 100 histoires de menteries en Poitou-Charentes-Vnedée », Geste éditions, La Crèche (79), 2001.

 

-                         Michel Valière et Catherine Robert, « La tradition orale du conte de mensonge en Poitou », in « Croyances, récits et pratiques de tradition » (Mélanges Charles Joisten, 1936-1981), Le monde alpin et rhodanien, n°1-4, 1982.

 

-                         Michel Valière et Catherine Robert, « Récits et contes populaires du Poitou », Oaris, Gallimard.

 

         -         Audier (A.), 1971 : “6 contes de mensonges recueillis à Ste Gemme”, introduction G.Thomas, bulletin de la SEFCO, janvier-fevrier.

 

-                         CERDO de Métive-UPCP de Parthenay (79).

 

-                         Claude Ribouillault, « chasses traditionnelles insolites, Chasser le surnaturel, le bitard… » in Chasses & Traditions, sous la direction de jean-Louis Neveu, Geste éditions, La Crèche (79), 1998, pp184-189.

 

-                         Claude Ribouillault, « Menteries de chasse », in Chasses & Traditions, sous la direction de jean-Louis Neveu, Geste éditions, La Crèche (79), 1998, pp190-211.

 

-                         Claude Ribouillault, « Grand comme ça ! Chasse & pêche, lieux de mémoire et d’oralité », in La Mandragore, n°1, Métive/CERDO, 1997, pp121-126.

 

-                         Virginie Kollmann, « Bitardville », in Coutumes en Vienne n°1, Geste édition, Mougon (79), pp12-29.

 

-                         Campion-Vincent (V.), « Légendes urbaines, Rumeurs d’aujourd’hui », Paris, Payot, 1990.

 

-                         Frédéric Dumerchat, « Les auto-stoppeurs fantômes », in Communications, Volume 52, N°1, 1990, pp249-281.